01 juillet 2006

N'y Comprendre Goutte 

Je crains de devoir sortir du cahier des charges politiques du Propriétaire alors que cette semaine de Blog-Sitting touche à sa fin.

  • Woody Allen s'attaque de manière particulièrement basse cette semaine à Leibniz dans ces aphorismes onfrayiens sur le Régime de Nietzsche.

    The great question of philosophy remains: If life is meaningless, what can be done about alphabet soup?

    It was Leibniz who first said that fat consisted of monads. Leibniz dieted and exercised but never did get rid of his monads—at least, not the ones that adhered to his thighs.


    Il est peu civil de se moquer ainsi de Leibniz alors qu'il fête aujourd'hui son 360e anniversaire (et qu'il vient de recevoir une université à son nom).

    Leibniz était connu pour son manque d'exercices. Il dictait ses centaines de milliers d'articles dans son lit. Woody Allen ne peut l'ignorer (de même que l'allusion à la Soupe Alphabet est clairement une référence à la characteristica universalis et tout l'art combinatoire).

    Nous avons compris votre jeu, monsieur Allen, vous ironisez sans doute avec un sarcasme voltairien contre le fait que cet optimiste Pangloss périt d'une pénible podagre. Il n'y a pas de quoi se moquer, Monsieur Allen. Numquam poetor nisi podager, disait Ennius.

    Chez Allen, le Nom du Père est si kantien qu'on doit sans doute voir aussi des allusions aux Principes de diététique dans la IIIe partie du Conflit des facultés (qui mentionne, d'une manière typiquement idéaliste, une "goutte de la tête").


    Heureusement, prouvant à nouveau que ce monde doit se rapprocher de l'optimum si du moins il est bien celui qui doit être créé, le même mal (physique) de goutte frappa Newton dix ans après la mort de Leibniz. Il était décidément bien un précurseur en ce domaine aussi.

  • Curieusement le bon gros Hume, malgré son mode de vie de sybarite indolent, n'en fut pas accablé. Ce qui prouve bien qu'on peut se demander a priori si le pain nourit. Ou bien sa santé fut conservée grâce à toutes ces promenades avec Rousseau.

    Comme Hume le demande dans son traité On Suicide "why should we be allowed to cure ourselves of the gout, and not to get rid of the misery of life?". Ce qui a donné aujourd'hui "Life is a binge and then you diet".

    Mais le plus lucide sur cette question serait sans doute le gros Benjamin Franklin qui en fit toute une podagrodicée qui annonce déjà notre culte actuel du jogging.

    But what is your practice after dinner? Walking in the beautiful gardens of those friends with whom you have dined would be the choice of men of sense; yours is to be fixed down to chess, where you are found engaged for two or three hours! This is your perpetual recreation, which is the least eligible of any for a sedentary man, because, instead of accelerating the motion of the fluids, the rigid attention it requires helps to retard the circulation and obstruct internal secretions. Wrapt in the speculations of this wretched game, you destroy your constitution. What can be expected from such a course of living, but a body replete with stagnant humors, ready to fall prey to all kinds of dangerous maladies, if I, the Gout, did not occasionally bring you relief by agitating those humors, and so purifying or dissipating them?