01 décembre 2006

Fool me once 

Hier soir sur France 2, Nicolas Sarkozy était interrogé par Arlette Chabot sur la grave question de savoir si ses promesses de campagne engageait quelqu'un d'autre que ceux qui les reçoivent. Et le candidat du parler vrai de répondre (27'35" sur la vidéo aimablement mise en ligne par France 2, et aussi dans la première partie de la transcription consciencieusement tapée par un chanceux stagiaire de l'UMP) :
[J]e voudrais faire un véritable pacte avec les Français, tout leur dire et tout ce que je dirais je le ferais s’ils me font confiance. C’est absolument capital, c’est peut-être ce qu’il y a de plus important, que de nouveau les Français croient dans la parole de ceux qui veulent les représenter
D'accord, c'est le genre de question à laquelle il est impossible de répondre autrement, sous peine de se griller pour toute la campagne. Mais le moins qu'on pourrait alors attendre de la part du candidat à la candidature de l'UMP est qu'il respecte un délai de carence avant de faire ce genre de promesse :
Nicolas Sarkozy a promis vendredi à Marseille la réduction de la TVA à 5,5% dans le secteur de la restauration s'il était élu président de la République en 2007, tout comme Jacques Chirac l'avait fait en 2002.
La rupture avec la Chiraquie est en marche!

Autre moment étrange dans ce très long mais pas inintéressant "A vous de juger" : mollement attaqué par l'agaçant Elie Cohen sur le coût de son programme électoral, Sarko répond (1H59'32") :
Je suis le seul à avoir proposé le non-remplacement d'un départ sur deux à la retraite des fonctionnaires. Qui l'a fait M. Cohen? Qui a proposé une mesure d'économie aussi importante que celle-ci?
Euh, Raffarin pendant très longtemps, par exemple (même s'il n'a pas tenu l'objectif)? La promesse est d'autant plus étrange que Le Figaro rapportait il y a deux semaines que l'objectif avait été expurgé du programme de l'UMP.

NB : au crédit du président de l'UMP, notons néanmoins que la remarque d'Antoine Guiral dans le Libé de ce matin selon lequel "[Sarkozy] a vite commis une bourde en affirmant à propos d'un vote qui n'a pas encore eu lieu : «Ce n'est pas un hasard si j'ai gagné la compétition interne à l'UMP.»" ne tient pas une seconde la route. Parce que Sarko parlait de la désignation à la présidence de l'UMP de décembre 2004, ce qu'une écoute même à demi-attentive de l'émission rendait évident (16'54").

NB2 : suis-je le seul à avoir tiqué sur l'usage par Sarko du verbe messeoir ("un peu de pudeur ne messied pas dans le débat public" - 19'48") qui, pour être élégant, n'en est pas moins un authentique barbarisme [pour le coup, c'est moi qui suis un authentique cuistre, parce que messeoir existe évidemment bel et bien. Mea maxima culpa.].

Cela donne d'ailleurs lieu à une jolie boulette de la part du stagiaire sus-évoqué qui transcrit en mêlant contre-sens et faute de conjugaison avec "un peu de pudeur ne me sieds pas dans le débat public".