04 mai 2007

Ca chie dans l'Handiscol 

C'est un fait que la "saine colère" de Ségolène Royal hier soir aurait gagné en force si elle s'était fondée sur des critiques un peu mieux étayées. Et il est clair, au moins aux yeux de ce téléspectateur subjectif, que l'ire de la candidate semblait quelque peu surjouée.

Cela dit, j'ai du mal à comprendre la thèse, évoquée par exemple chez Koz, selon laquelle cette ascension sur des grands chevaux aurait été programmée. Que Royal ait prévu de s'emporter au cours du débat peut s'envisager, encore que ce n'est pas habituellement le genre de tactique qu'on conseillerait à un participant à un duel politique de cette nature. Mais qu'elle ait prévu de le faire sur ce sujet-là me semble difficilement imaginable : la chance que le sujet de la scolarisation des enfants handicapés soit évoqué au cours du débat était quand même assez faible, et il a fallu que Nicolas Sarkozy cherche spontanément un exemple pour illustrer face à une adversaire sceptique le principe du droit opposable à une place en crèche pour que le thème émerge.

Il se trouve que Ségolène Royal avait, de par ses dernières fonctions ministérielles, quelque expérience sur le sujet. Qu'elle gardait quelque rancune à la droite d'avoir remis en cause le plan de scolarisation des enfants handicapés qu'elle avait lancé en 2001. Et qu'elle voyait certainement là l'ouverture rêvée pour illustrer, exemple en main, le décalage entre les discours de Nicolas Sarkozy et les actes de la droite au pouvoir depuis 2002.

De façon exagérée? Certainement. Maladroite? Je le pense. Mais programmée? Cela supposerait de croire que Ségolène avait prévu dès le début le déroulement exact du débat. Et que, malgré cela, elle aurait jugé inutile de vérifier ses chiffres au préalable. Qu'elle serait donc, dans le même temps, à la fois d'une rare clairvoyance et d'une exceptionnelle incompétence. Je crois pour ma part qu'elle ne mérite ni cet excès d'honneur, ni cette indignité.

Add. (04/05) : titre modifié parce que, bien entendu, il s'agit d'Handiscol et pas d'EduSCOL. Les amateurs de jargon pédago-administratif auront rectifié d'eux-même. Ca ne change heureusement rien à la nullité assumée du calembour.