10 mai 2007

Never mind the Bolloré 

Je ne sais pas s'il faut y voir un signe annonciateur de la France d'après, mais il se passe quelque chose d'étrange depuis quelques jours dans notre beau pays : la presse commence à faire son travail.

Et pourtant la stratégie du duo Sarko-Bolloré pour étouffer dans l'oeuf les critiques sur l'invitation maltaise du second au premier était irréprochable : balancer suffisamment d'écrans pour enfumer la meute médiatique et attendre que ça (se) passe. D'habitude, cela marche très bien.

Sauf que, cette fois-ci, l'AFP a décidé de se prendre pour un vulgaire Canard Enchaîné en allant rechercher (!) dans les Journaux officiels (!!) la preuve que le groupe Bolloré a bien bénéficié de marché publics, enfonçant ainsi la faible défense du président-élu.

Sauf que, aussi, le brouhaha fait autour de la déclaration de Bolloré selon laquelle le chaleureux accueil fait à Sarkozy ne faisait que pérpétuer une vieille tradition familiale a forcé l'homme d'affaires à produire des documents d'époque. Documents qui semblent bien attester de la visite après-guerre de Léon Blum dans le manoir familial des Bolloré. Mais qui montrent aussi que le séjour aurait eu lieu en août et septembre 1947, ridiculisant ainsi l'affirmation initiale de Vincent Bolloré selon laquelle sa famille avait eu "l’occasion de recevoir Léon Blum plusieurs semaines dans son manoir, au retour de captivité".

A ce compte chronologique-là, on pourrait tout aussi bien illustrer l'hospitalité désintéressée des Bolloré en notant que Vincent a accueilli Nicolas sur son yacht au large de Malte après sa débâcle électorale aux européennes de 1999.