27 octobre 2007

Les notes auxquelles vous avez échappé 

  • Re-mort de l'auteur : la communauté potterienne se déchire à propos de l'outing de Dumbledore par J.K. Rowling. Ce qui me fascine est que je n'ai lu personne rappeler que l'auteur n'a absolument aucune légitimité à compléter la biographie de ses personnages une fois la dernière ligne écrite : l'avis qu'on peut se faire des moeurs sexuelles du directeur de l'école de sorcellerie de Poudlard ne dépend que des éléments contenus dans les sept tomes de la série. Il n'y aucune bonne raison de postuler que l'auteur est magiquement doté d'une connaissance supérieure de personnages qui demeurent des personnages de fiction.
  • Juridiquement incorrect : Dieu, qu'Eric Le Boucher est agaçant! Comme Claude Bébéar avait au moins l'honnêteté de le reconnaître -sans en tirer les conséquences- dans sa récente tribune pour Le Monde, le principe de précaution est suffisamment présent dans le droit international pour que son inscription au frontispice constitutionnel ne change pas grand chose sur le plan juridique. Mais l'autre affaire Allègre a montré qu'il suffit de taper à tort et à travers sur les écolos pour passer pour un libre et courageux penseur dans certains milieux.
  • Incidemment : j'ai entendu récemment plusieurs représentants de la FNTR arguer qu'une éventuelle surtaxation du transport routier ne servirait à rien, parce que les transporteurs reporteront le coût supplémentaire sur le consommateur. Mais c'est justement l'objectif! Le but est de jouer sur le prix relatif des produits pour le consommateur final, de façon à ce que la consommation se déplace, à la marge, vers des biens dont le transport s'est opéré selon des modes moins polluants. C'est tout le principe de l'internalisation des externalités.
  • Surbooking hôtelier : Megan McArdle goûte aux joies du service client des entreprises en situation d'oligopole. Je suis moi aussi surpris que les commentateurs ne viennent pas davantage la chercher sur le mode "libertarien pris qui croyait prendre". La note est aussi longue que passionnante, même si la palme du meilleur récit de voyage revient aux aventures cairotes de Billmon, que j'ai unilatéralement décidé de considérer comme le meilleur texte jamais publié sur la blogosphère.
  • Ta mère en shorter dans le Figaro :
    La critique de l'interventionisme économique des pouvoirs publics s'arrête aux portes des subventions aux entreprises.
    S'il y a bien quelque chose qui m'horripile chez une bonne partie de la droite française, c'est cette façon d'utiliser le paravent des grands principes du libéralisme pour défendre les intérêts particuliers de quelques grandes entreprises. Surtout que l'exemple utilisé est, en l'espèce, particulièrement mauvais : quoiqu'on pense de la fixation autoritaire de prix par la Communauté européenne pour les appels en roaming (j'ai tendance à être moins critique qu'Alexandre Delaigue sur le sujet), il reste que l'usage des téléphones mobiles est largement plus développé en Europe qu'aux Etats-Unis. Mettre le retard de productivité européen par rapport aux Etats-Unis sur le compte d'un moindre développement du réseau de téléphonie mobile est absurde.
  • Service après-vote : sur France 2 jeudi soir, une électrice de Sarkozy fait part à Xavier Bertrand de ses doutes quant à la politique gouvernementale en citant, entre autres, l'instauration des franchises médicales. Et Bertrand, au lieu de se lancer dans une longue défense des franchises, de répliquer, en substance : "Vous avez voté pour Sarko? Donc vous avez lu son programme? Les franchises étaient dedans. Faut pas se plaindre, maintenant". Il est rare qu'un homme politique prenne le risque d'être aussi franc dans son mépris à l'égard de son électorat.