23 juin 2008

Santé : payer plus pour avoir moins? 

La mission d'évaluation et de contrôle de la sécurité sociale du Sénat a rendu publique le 12 juin dernier une contribution sur "les transferts de charges entre l'assurance maladie, les complémentaires et les ménages'. Le rapport s'appuie sur une étude de la Cour des comptes, qui fait notamment l'intéressant constat suivant (immédiatement contesté, cela va de soi, par les intéressés) :
- les frais de gestion sont en moyenne cinq fois plus importants chez les assureurs complémentaires que pour l'assurance maladie obligatoire.
Et l'on se dit que le rapport va conclure à la nécessité d'y réfléchir à deux fois avant de transférer plus avant le remboursement des dépenses de santé de l'assurance maladie obligatoire vers les complémentaires. Que nenni!
Ces constats semblent légitimer a priori de nouveaux transferts de charge en direction des complémentaires.
D'accord, l'étude met aussi en avant deux autres constats mais je ne vois pas bien en quoi le coût des subventions publiques pour l'accès aux complémentaires ou la bonne santé financière d'icelles plaident pour la réduction du périmètre de l'assurance maladie obligatoire.

Et j'ai encore plus de peine à comprendre en quoi le fait que les frais de gestion soient presque 5 fois plus élevés pour les complémentaires (24,4%) que pour l'assurance maladie obligatoire (5,4%) est un argument en faveur du transfert de charge.

En tout cas, l'enchaînement logique demanderait à être explicité, de façon absurde (le transfert de charge permet de créer des emplois!!!) ou de manière plus fine (par exemple en arguant que le coût de gestion du régime obligatoire est certes beaucoup plus faible mais que la qualité de service des complémentaires est bien meilleure ou bien que les dépenses prises en charge à ce jour par les complémentaires sont structurellement plus coûteuses à gérer). Ce que ne semble pas du tout faire le rapport, au moins autant que ma diagonalesque lecture me permette d'en juger.

Quelqu'un (François?) a une explication plus convaincante qu'un méchant accès de dissonance cognitive de la part du sénateur rapporteur? (la thèse de la coquille dans la synthèse était tentante, mais on peut raisonnablement l'écarter 12 jours après la publication, et la médiatisation, du rapport : les administrateurs du Sénat ne sont pas si mauvais)