27 novembre 2008

Contre la crise, achetons français! 

Qu'est-ce qu'il ne faut pas dire pour échapper aux sifflets des maires de France (je grasse) :

[Le Président de la République] a souhaité enfin que les collectivités locales puissent, dans leurs appels d'offres, "ne pas avoir la seule religion du prix mais puissent faire une part aux petites et moyennes entreprises, aux entreprises du pays, aux entreprises qui prennent l'engagement de ne pas délocaliser, aux entreprises qui sont écologiquement responsables".

"Il y a un tas de dossiers de routes, d'aménagements, de bâtiments à refaire, d'économies d'énergie à gagner, de prêts à taux zéro qu'on peut doper considérablement qui permettront de donner du travail à nos entreprises, qui ont en bien besoin, extrêmement rapidement", a-t-il ajouté.
Cela fait visiblement un bout de temps que Guaino Sarkozy n'a pas ouvert un code des marchés publics : la religion du seul prix a depuis longtemps disparue, remplacée par la délicieuse notion "d'offre économiquement la plus avantageuse" et il est tout à fait possible de prendre en compte "les performances en matière de protection de l'environnement" pour l'attribution d'un marché (article 53 du CMP).

Une chose qui n'a pas changé, par contre, c'est le principe d'égalité de traitement entre les candidats. Et particulièrement d'égalité de traitement entre les gentilles PME de notre pays à nous et les méchantes multinationales de chez eux. Le tout en application des directives communautaires en vigueur, dont la raison d'être est justement d'empêcher ce type de discrimination. Autrement dit, les souhaits du Président sont tout aussi juridiquement irréalisables (et c'est heureux) que politiquement opportunistes (et crassement, en plus). Et les édiles qui tenteraient de mettre en oeuvre ses recommandations risqueraient de goûter aux joies de la justice pénale.

Ca fait déjà un bout de temps que je me dis, en rigolant, "vivement que la gauche revienne au pouvoir, qu'on puisse avoir une politique économique un peu libérale". Aujourd'hui, je ne rigole plus.