13 mai 2004

La vengeance de l'Ex, épisode CCXVIII 

Le fait d'avoir perdu son dernier mandat électif sans avoir encore retrouvé la fonction éminente qui lui revient de droit laisse à Giscard un peu de temps pour s'adonner à son passe temps favori : commenter son septennat, et en profiter pour lâcher quelques vacheries sur Chirac :
PARIS (AFP) - Valéry Giscard d'Estaing a légendé, pour le Monde 2 à paraître samedi, vingt photos retraçant son parcours à l'Elysée, se livrant à des confidences notamment sur la "curieuse fixation" de Jacques Chirac en 1976 en faveur d'une dissolution de l'Assemblée. [...]

Jacques Chirac avait, souligne M. Giscard d'Estaing, "une curieuse fixation: il voulait que je dissolve l'Assemblée nationale. Moi, je ne voulais absolument pas. A mes yeux, une dissolution est une sanction et je ne me voyais pas sanctionner ma majorité, qui n'avait pas démérité". "Par ailleurs, je n'étais pas certain que nous puissions gagner les élections", glisse VGE.
Cette "confidence" rappelle quand même étrangement les propos qu'avait tenus il y a deux ans un certain Giscard d'Estaing au cours d'un colloque consacré à "son" septennat. L'événement était relaté par Le Monde du 31 janvier 2002, dans un article signé de l'excellent Jean-Baptiste de Montvalon et titré "Valéry Giscard d'Estaing règle toujours ses comptes avec Jacques Chirac" :
Avec gourmandise et moult détails, "VGE" a ainsi révélé que la "première cause de difficulté" avec le "premier ministre d'avant 1976" était venue de ce que M. Chirac l'avait instamment prié, au printemps 1976, de dissoudre l'Assemblée nationale. Toute ressemblance avec la dissolution d'avril 1997 n'est sans doute pas fortuite : "J'ai reçu une lettre manuscrite de deux feuillets. Il évoquait une situation politique très dégradée, et me demandait de procéder à la dissolution pour reprendre en main l'opinion publique", a raconté M. Giscard d'Estaing, en ajoutant qu'il n'y avait pas donné suite, cette pratique n'étant "pas dans [sa] culture politique" et lui paraissant, en l'espèce, "extrêmement aventurière".
La vengeance de Giscard est un plat que Chirac est obligé de déguster glacé, une petite cuillerée tous les ans, depuis 1981.