05 avril 2005

L'humour, c'est quand c'est drôle (bis) 

Je suis un type original : j'aime bien le printemps. Le printemps, c'est la saison où les jupes recommencent à fleurir. Le printemps, c'est la période où les matchs de foot deviennent vraiment intéressants. Le printemps, c'est l'époque où se déroulent la majorité des élections en Europe. Evidemment, le printemps est préférable quand les filles ne détournent pas le regard quand on les croise dans la rue, quand vos équipes favorites gagnent les matchs importants et quand le moins possible de 21 avril vous tombe sur la tête.

Mais, même si tout cela foire, il reste encore un événement pour se consoler. Un événement fabuleux, mythique, que le monde entier nous envie : la remise, au cours du mois de juin, du Prix de l'humour politique par le toujours très plébéien Press Club de France.

Les lecteurs historiques de ce blog se rappelleront sans doute que la fournée 2004 avait été assez décevante, d'autant plus que le vainqueur final était franchement médiocre. On attendait donc avec impatience les nominés de 2005, pour voir s'il s'agissait-là d'un simple accident. Dix premiers nominés (cinq annoncés en décembre, cinq rendus publics la semaine dernière) sont désormais connus et... il s'avère que c'est encore pire que l'année dernière :
1. Michel Barnier (ministre des Affaires étrangères): "Que l'on soit pour ou contre la Turquie, on ne pourra pas changer l'endroit où elle se trouve".

2. Malek Boutih (secrétaire national du PS à propos de la venue de Lionel Jospin aux universités d'été du PS): "Cela fait toujours plaisir de revoir ses grands-parents".

3. Hervé Gaymard (ministre de l'Economie): "Je n'ai pas le sentiment de tromper ma femme quand je suis avec la France".

4. Bernard Poignant (PS, parlant de Laurent Fabius): "L'an dernier, les carottes étaient râpées, cette fois elles sont cuites".

5. Jean-Pierre Raffarin: "Les veuves vivent plus longtemps que leurs conjoints".

6. Jean-Luc Benhamias (ancien secrétaire national des Verts): "Le miracle permanent des Verts, c'est que les gens nous attendent encore pour refaire le monde".

7. Jean-Louis Debré (président de l'Assemblée nationale, après la réception de la délégation des Jeux Olympiques): "A l'Assemblée on s'occupe des J.O. et on laisse les Jeux para-olympiques au Sénat".

8. Valéry Giscard d'Estaing (ancien président de la République et ex-président de la Convention européenne, parlant du projet de Constitution européenne): "C'est un texte facilement lisible, limpide et assez joliment écrit: je le dis d'autant plus aisément que c'est moi qui l'ai rédigé".

9. Robert Hue (ancien secrétaire national du PCF): "Si Bush et Thatcher avaient eu un enfant ensemble, ils l'auraient appelé Sarkozy".

10. Manuel Valls, député-maire PS d'Evry (Essonne): "J'étais partisan du non, mais face à la montée du non, je vote oui".
Essayons de faire le tri : 1, 3, 5 et 10 ne sont pas de l'humour. 4, 6, 9 ne sont pas drôles. Il nous reste donc trois "petites phrases" plus ou moins intéressantes. La pique de Malek Boutih est assez méchante, ce qui me plaît bien, mais elle n'est pas très originale non plus. Celle de Debré est encore plus vacharde et a le mérite de taper sur le Sénat, mais elle n'est ni franchement fine, ni vraiment correcte (on dit "Paralympiques"). J'aurais donc tendance à voter pour Giscard, d'autant plus que Debré a été déjà été récompensé l'année dernière.

Mais, quand même, le niveau général de la sélection est affligeant. Et le jury est d'autant plus inexcusable qu'il n'a pas même cru bon de sélectionner ce qui est sans conteste la phrase la plus drôle de l'année.