28 avril 2005

Mais oui, mais oui, l'hibernation est finie 

Voilà qui ne va pas contribuer à faire baisser le coefficient de wonkishness de Ceteris Paribus, mais aujourd'hui est le jour tant attendu de l'estimation initiale du produit intérieur brut des Etats-Unis pour le 1er trimestre 2005 (en France, il faudra attendre le 20 mai prochain). Et quand je dis tant attendu, ce n'est ni une clause de style, ni de l'ironie facile : il y a vraiment des gens suffisamment intoxiqués pour rafraîchir frénétiquement la page du Bureau of Economic Analysis à l'approche de 14H30 le jour où le chiffre du PIB tombe.

Et le chiffre tomba, donc, et il fut décevant : 3,1%. Pourquoi décevant? Kash d'Angry Bear explique pourquoi dans une analyse détaillée sortie 5 minutes (!) après la parution des statistiques du Département du Commerce. Soit il avait eu les chiffres sous embargo avant, soit il avait préparé une note et des graphiques à trou. En tout cas, son analyse est très juste :
This is not a very good report. In fact, I think it was pretty bad. Much of GDP growth in early 2005 was apparently driven simply by a massive build-up in inventories; over 1.2% of the 3.1% GDP growth rate was due to inventory growth. But obviously, GDP growth can not be sustained by inventory growth. Furthermore, such inventory growth suggests that businesses may need to rein in production a bit. [...]

All in all, a disappointing report. If the apparent slowdown in investment spending continues (and there's no reason yet to think that businesses have picked up the pace of spending from the levels of early 2005), then GDP growth for the year may be less than 3%. That is not a horrible growth rate, but it is a bit disappointing to those who hoped for a year or two of strong economic growth in the US before this phase of the business cycle was over.
Certes, la croissance du PIB américain reste à des niveaux enviables et l'écart avec les performances européens demeure important (même si elle tend à se réduire et qu'il faut, je le rappelle, retrancher environ 1 point au chiffre américain pour comparer la croissance des PIB/h). Mais le ralentissement américain est net si l'on regarde les tendances sur un an :



Comme toujours, la question est de savoir si la décélération actuelle va se poursuivre (et jusqu'à quel niveau) ou si l'économie américaine s'installe simplement sur un rythme de croisière, proche de son taux de croissance potentielle (estimé entre 3 et 3,5%).

Au vu des déséquilibres actuels (le niveau anormalement bas des taux d'intérêt qui a gonflé la bulle immobilière, la quasi-disparition de l'épargne domestique, la faiblesse de la création d'emplois et des salaires) j'ai toujours été d'un pessimisme roachien concernant la soutenabilité de la croissance des Etats-Unis. Mais, à force de crier au loup et d'être démenti par les faits, on commence à douter. Et à apprécier, encore une fois, la vérité des corollaires de Daniel Davies à la fameuse loi de Stein ("Things that can't go on forever, don't"):
1. Things that can’t go on forever, go on much longer than you think they will.
2. Corollorary 1 applies even after taking into account Corollorary 1.
N'importe, ce genre de chiffre va fortement inciter les ours américains à sortir de leur tanière.