12 mai 2005
Comme je viens de paumer une bonne heure à mitonner une note sur un point que j'avais en fait déjà abordé, je m'autorise une réaction complètement gratuite à une tribune parue ce matin dans Le Figaro. Elle émane d'une double dizaine de députés (de droite) qui estiment, avec quelque raison, que l'adoption de la constitution européenne rendrait plus difficile l'entrée de la Turquie dans l'UE.
Je crois l'avoir dit : je suis favorable à l'adhésion de la Turquie, mais je reconnais que c'est une question difficile, qui touche au coeur du projet du projet européen, en particulier au dilemme approfondissement/élargissement. En conséquence, je respecte ceux qui s'y opposent, dans la mesure où ils emploient des arguments honnêtes. Et l'honnêteté n'est pas vraiment la caractéristique première de cet argument-là :
Comment pourrions-nous alors intégrer dans notre projet politique européen un Etat turc dont le premier ministre actuel a déclaré : «Les minarets sont nos baïonnettes, les coupoles nos casques, les mosquées nos casernes et les croyants nos soldats» ?A quoi j'ai une foutue envie de répondre : comment pourrions-nous accorder foi aux leçons de démocratie d'un groupe de parlementaires dont l'un des membres faisait partie d'un groupe dont le programme appelait à bannir le suffrage universel, et à combattre les "ennemis de l'intérieur", aux rangs desquels les "puissances financières", la franc-maçonnerie et les "métèques"?
Puisque qu'on est sur la Turquie, je suis tombé par hasard (je cherche despérement une page du gouvernement italien où seraient consignées les dépôts des instruments de ratification du TECE) sur ce passage d'un récent article du Financial Times (je grasse) :
“Politically speaking, this would be difficult,” Mr Fini said, alluding to the widespread opposition in France to Turkish EU membership. “But Italy is a supporter of Turkey's accession. “In order to join, Turkey has made radical changes, including in terms of human rights. Turkey is already part of Nato. It's a pillar of stability in its region. It's a major Muslim country. “If, after all the tests and all the changes that Turkey has been asked to face, Europe says No, what would happen? “Would we not be pushing them towards fundamentalism?… “We can't say No just because they are Muslim. The accession of Turkey would be a sign of the full compatibility of Islam with democracy.”Gianfranco Fini? L'ancien membre et leader du parti néo-fasciste MSI? Lui-même. Qui démontre encore une fois qu'il est possible, quoi qu'en pensent les députés de l'UMP, qu'on peut avoir été et ne plus être.
Mis en ligne par Emmanuel à 22:28 | Lien permanent |