03 juin 2005

Europtimisme 

Pour aller dans le sens de Bradford Plumer, je reproduis ici un graphique assez déconcertant de l'OCDE sur l'évolution de la productivité multifactorielle (c'est-à-dire la croissance économique qui n'est pas expliquée par l'augmentation du travail et du capital, autrement dit l'effet du progrès technique qui permet une meilleure efficacité dans la combinaison de K et de L) entre 1990 et 2001 :



Difficile de faire plus contre-intuitif :
  • La France est devant les Etats-Unis
  • Les pays généralement cités en exemple pour leur modèle d'innovation et de recherche (Allemagne, Japon, Suède) sont loin derrière
Au passage, ces données confirment les chiffres de Richard Pozen que cite Brad Plumer :
Gross domestic product has grown at an average rate of 3.3 percent a year in the United States over the last decade, compared to 2.1 percent a year in the EU15. Per capita GDP growth, however, has been very similar: 1.8 percent a year in the United States, 1.7 percent in the EU15. The main factor driving higher U.S. economic growth is not greater productivity gains; it is a more rapidly expanding population.
Sur ce point, la comparaison entre l'Europe et les Etats-Unis font immanquablement penser à un article fameux de Paul Krugman, qui soutenait en 1994 la thèse selon laquelle l'extraordinaire croissance des dragons asiatiques devait beaucoup plus à une élévation des "inputs" (travail et capital) qu'à une augmentation de leur productivité.

Tout cela ne remet pas en cause la nécessaire réforme du "modèle" français, en particulier concernant le marché des biens et celui du travail. Ni le fait que les chiffres seraient sans doute assez différents si les graphiques prenaient en compte les données jusqu'en 2005, au vu de l'accélération de la productivité américaine depuis 2001. Mais je reste persuadé que la plus grande chose qui manque aujourd'hui à l'Europe est un début de mise en oeuvre de mon programme économique (de ses aspects les moins délirants, en tout cas).