18 août 2005

Alerte rouge 

On savait déjà que George Bush n'était pas au mieux de sa forme sondagière, mais les derniers résultats du sondage quotidien effectué (par téléphone) par Rasmussen Reports sont vraiment très étonnants :
Thursday August 18, 2005 -- For the second straight day, just 43% of American adults approve of the way George W. Bush is performing his role as President. That's the lowest level ever recorded by Rasmussen Reports.

Fifty-six percent (56%) disapprove, the highest ever recorded.

The President's Approval Rating has fallen to 39% among women and 47% among men. Seventy-six percent (76%) of Republicans still give the President's Job Performance their Approval. That view is shared by 15% of Democrats and 35% of those not affiliated with either major political party.
Mon étonnement ne vient pas tant de voir la cote de popularité de Bush tomber à 43% (les derniers sondages pour CNN, Newsweek et AP donnent respectivement 45%, 42% et 42%) que de la voir tomber à 43% chez Rasmussen. Parce qu'il faut savoir que Rasmussen Reports est un institut clairement proche des Républicains et que Bush y a toujours obtenu des résultats plus favorables qu'ailleurs, sans doute en raison d'un échantillonnage différent : depuis le début 2004, la cote de confiance du président américain était toujours (désespérément) restée entre 47 et 57%, le plus souvent autour de 50%. Cela dit, il est difficile de crier au conservative bias, dans la mesure où le pronostic de Rasmussen avant l'élection de novembre 2004 s'est avéré très proche du résultat final.

Ces éléments rendent le décrochage de cette semaine d'autant plus significatif. D'autant qu'il s'accompagne d'un niveau extrêmement élevé des très mécontents (40%) et d'une chute du soutien des sympathisants républicains (76%, au lieu d'environ 85-90% en temps normal).

Il est possible, comme toujours, que cette dégringolade soit un pur artefact statistique et que Bush reviendra à sa cote de forme chez Rasmussen (+/- 50%) d'ici à quelques jours. Mais il semble bien que le retour de la question irakienne sur le devant de la scène n'avantage pas, et c'est un euphémisme, la position déjà précaire de Bush dans l'opinion. Faut-il y voir un effet Sheehan, à rebours de la thèse qui voudrait que la contestation venue de l'extrême gauche ne puisse que profiter aux partisans du président? De l'impact sur l'opinion des pertes américaines qui se sont accelérés depuis le début du mois d'août? Des ravages faits par les prises de position de plus en plus nombreuses en faveur d'un retrait prochain des troupes américaines?

Une chose est certaine, en tout cas : comme le notait récemment Billmon, le choix de congés prolongés dans un ranch au Texas apparaît chaque jour de plus en plus calamiteux. Bush a voulu trop longtemps braver le danger inhérent aux vacances présidentielles. Il est peut-être aujourd'hui en train de le payer.