12 juin 2007
Y a pas à dire, heureusement que la droite est
La protection sociale va coûter de plus en plus cher, c'est normal parce que c'est le progrès de la condition humaine. Si on fait porter tout le coût de la protection sociale sur le travail, eh bien on va continuer à délocaliser, on va continuer à voir le travail s'en aller dans d'autres pays", a-t-il estimé.Ok, François, je sais que tu essaye de parodier Raffarin mais il va vraiment falloir que je t'explique un truc : les tee-shirts chinois ne paient pas d'impôts. En fin de compte, c'est toujours le consommateur qui raque, et le travailleur français se trouvera fort dépourvu au moment de passer à la caisse pour régler son tee-shirt chinois, sa voiture japonaise ou son iPhone américain. De deux choses l'une, alors : soit il parvient à convaincre son patron d'augmenter son salaire, annulant ainsi une grosse partie du "choc de compétitivité" espéré par ton gouvernement; soit il encaisse, en bronchant ou pas, une baisse de son salaire réel. Remarque, cela lui donnera d'autant plus envie de travailler plus pour gagner plus.
"Si on fait porter le coût de cette protection sociale sur le capital, le capital se délocalise aussi. Donc il reste cette proposition qui est faite par beaucoup d'économistes de transférer - ce n'est pas augmenter - les cotisations sociales sur la TVA. Cela fait baisser le prix du produit qui est vendu en France du montant des cotisations sociales", a-t-il expliqué.
"Ça a un autre avantage : ça permet de faire financer une partie de la protection sociale par les importations. Comme on est dans un pays qui importe beaucoup, ce ne serait pas choquant qu'un tee-shirt chinois serve un peu aussi à financer notre protection sociale", a-t-il dit.
Mais, au final, et modulo quelques Britanniques qui viennent en vacances hospitalières pour profiter du meilleur système de santé du monde, notre chère (mais pas si mauvaise) protection sociale est toujours payée par les contribuables et les consommateurs résidents en France. On peut bien entendu chercher les meilleurs moyens de financer le système de protection sociale, de façon à ce que les prélèvements obligatoires qui le supportent ne soient pas trop pénalisants pour l'activité économique ou le marché du travail. Mais on chercherait en vain un repas gratuit, ou payé par les Chinois, là-dedans.
Le pire, c'est que la TVA sociale n'a pas que des inconvénients : en particulier, faire financer une partie de la protection sociale par les consommateurs et non plus par les seuls travailleurs n'est pas nécessairement une mauvaise idée, si l'on croit qu'une partie du chômage français s'explique par un coût du travail trop élevé au niveau du SMIC. (Quoique des mesures plus ciblées, du type gel du SMIC contre PPE améliorée, seraient sans doute plus efficaces pour résoudre ce problème.) Mais, évidemment, dire qu'on va prendre aux retraités pour donner aux smicards n'est pas un slogan très prometteur quand il suffit d'exploiter le mercantilisme crasse de l'électorat à coup de lamentis sur l'air du "travail qui s'en va dans d'autres pays". Parce que le travail est un gros gâteau qui se partage à l'échelle mondiale, bien entendu.
Et en plus, pendant ce temps-là, Eric Woerth nous refait le coup éculé du Voodo Economics, dans sa version la plus basse de plafond. On est bien barré.
Add. (13/6) : Henri Sterdyniak explique ça mieux que moi. Sa conclusion :
La TVA sociale n’est pas la panacée qui procurerait des gains de compétitivité sans perte de pouvoir d’achat. Elle ne permet pas de faire supporter aux producteurs étrangers des charges que les cotisations employeurs font supporter aux salariés nationaux. A pouvoir d'achat donné des salariés, TVA et cotisations sociales employeurs ont exactement le même impact macroéconomique. Il ne faut pas se nourrir d’illusion : chaque pays doit financer sa protection sociale.Pas vraiment d'accord sur l'équivalence totale entre TVA et cotisations sociales mais, pour le reste : yep.
Mis en ligne par Emmanuel à 23:34 | Lien permanent |