27 décembre 2007
Champagne!
En ces temps où les très sérieux commentateurs économiques se désolent du gigantesque déficit commercial de la France, l'augmentation continue des exportations de champagne est certainement une excellente nouvelle, non?
Et bien pas forcément, si l'on se place du côté du consommateur français de champagne. Comme le rappelle cet article du Monde, l'offre de champagne est en effet presque totalement inélastique : les seuls moyens d'augmenter durablement la production sont de planter les terres non-cultivées situées dans les limites de l'AOC champagne, d'accroître le rendement des vignobles cultivés ou d'augmenter la taille du territoire bénéficiant de l'appellation champagne. Les trois solutions sont limitées : 98% de l'AOC est déjà cultivé, l'augmentation du rendement risque de se faire au détriment de la qualité et l'extension de l'AOC doit être suffisamment limitée et encadrée pour ne pas nuire à l'image globale de l'appellation.
En pratique, les trois méthodes ont été utilisées au cours des dernières années mais elles ne permettent de toute façon pas d'augmenter la production au même rythme que la demande.
Dans ce contexte, l'augmentation de la demande mondiale (de D2 à D1, sur le graphique que j'emprunte à Wikipedia) se traduit nécessairement par une hausse des prix (on passe de P2 à P1), et donc par une perte de pouvoir d'achat pour les consommateurs français, au profit des producteurs de champagne. Faut-il alors suggérer au gouvernement de taxer les exportations de champagne pour redonner du pouvoir d'achat aux classes moyennes? Ou bien le théorème d'Alchian-Allen doit-il nous inciter à penser que l'effet sur les prix est de toute façon concentré sur les champagnes haut de gamme?
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Etes-vous plus fort qu'un bourge anglais de 15 ans?
J'espérais vaguement que l'expérience m'aurait rendu plus sage, mais je me ramasse toujours aussi lamentablement chaque fin d'année au General Knowledge Paper du King's William College. Pour l'édition 2007 (pdf), j'en suis à 3 réponses (6.10, 13.1, 14.2) sur 180 sans googlage. Moitié moins que l'année dernière. C'est désespérant.
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Apatridie des droits de l'homme
L'AJDA du 17 décembre apporte, par la plume des commentateurs autorisés de la jurisprudence du Conseil d'Etat, une réponse à mes interrogations angoissées concernant la décision de section Mme Cheglali du 9 novembre 2007 :
Le premier point qu'il appartenait à la Section du contentieux de trancher, avant même d'envisager les conséquences de la décision de l'OFPRA reconnaissant à l'enfant la qualité d'apatride, était liée à la date à laquelle cette décision était intervenue. [...] La Section a implicitement considéré que la décision reconnaissant la qualité d'apatride revêtait un caractère recognitif et donc rétroactif. On conçoit difficilement, à vrai dire, qu'il ait pu en aller autrement. Lorque l'OFPRA se prononce en ce sens, il ne fait, nous semble-t-il, que constater une situation objective dont l'origine remonte à la date à laquelle l'intéressé s'est trouvé dépourvu de toute nationalité. [...] Dans le cas de l'espèce, la situation d'apatride remontait, à notre sens, à la date de naissance de l'enfant (...).Je comprends mieux la logique de la décision sous cet angle (et j'envie la puissance de feu intellectuelle des commentateurs, pour qui ce point sert simplement de prélude à des "questions plus difficiles") : il faut bien caractériser la situation de la jeune Oumaya au regard du droit de la nationalité entre sa naissance et la date de la décision de l'OFPRA et l'apatridie est la seule caractérisation possible pour empêcher un vide juridique. Cela ne couvre pas, à mon sens, l'entorse faite au principe selon lequel le juge se place à la date de la décision administrative contestée, d'autant plus, au cas présent, que le refus de la France de reconnaître Oumaya comme une ressortissante française n'était pas encore acquis à la date de l'APRF. Mais la fiction juridique employée semble la moins mauvaise des solutions.
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Scream (200)4
L'un des tics les plus agaçants des éditorialistes est cette fâcheuse tendance à voir du nouveau partout (mes italiques) :
À l'ère d'Internet, le système des primaires change de nature. La moindre gaffe dans l'Iowa ou dans le New Hampshire, répercutée par les blogs et les sites politiques, aura un retentissement dans tout le pays. Cela aussi, c'est une première.La preuve :
(et on peut même remonter beaucoup plus loin).
Lire les six autres notes auxquelles vous avez encore une chance d'échapper
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Hors-sol
Le Conseil européen des ministres de l'environnement a rejeté vendredi dernier une proposition de directive-cadre sur la préservation des sols. La faute à la France, dont le vote est resté jusqu'au dernier moment incertain et qui a finalement rejoint le clan des sceptiques. L'affaire nous vaut une brève dans Le Monde -toujours aussi utile pour décrypter l'actualité communautaire- et un tollé des commentateurs du quotidien vespéral, qui dénoncent en choeur le hiatus entre l'esprit du Grenelle et la pratique politique de la France.
Sauf que NKM s'explique dans Libération avec des arguments qui semblent raisonnables : la France est d'accord sur le principe de la directive (contrairement au Royaume-Uni, par exemple, qui conteste au nom du principe de subsidiarité que la préservation des sols puisse faire l'objet d'une législation communautaire) mais elle critique la méthode retenue par la Commission et va travailler à une proposition plus équilibré en 2008. Qui croire? A la lecture de la presse française, il est bien difficile de le savoir.
Libé consacre bien un papier un peu substantiel à l'affaire, qui permet de mieux cerner les termes du débat mais se compose pour l'essentiel d'un résumé des arguments des parties en présence sans, justement, prendre parti. Ce qui n'est finalement pas très étonnant au vu de la chute de l'article (mes italiques) :
Le Medef, lui, s’est battu contre le texte, à cause du coût de la dépollution et de la responsabilité de l’exploitant à l’origine de la pollution. Mais ceux qui avancent le prix trop élevé de la prévention parlent rarement des coûts faramineux liés à la non-protection des sols. Personne n’a jamais calculé cette addition-là.C'est bien la peine que la Commission se décarcasse à rédiger des études d'impact (étude qui, au cas présent, estime le coût évaluable total de la dégradation des sols à 38 milliards d'euros par an pour l'UE25 - pdf). L'épisode résume assez bien tout ce qui cloche dans le traitement de la politique communautaire : les sujets sont ultra-techniques, les directeurs de rédaction se foutent le plus souvent de ce qui se joue à Bruxelles (c'est pas vendeur, coco!), les journalistes qui couvrent l'actualité communautaire n'y connaissent pas grand chose (J4M soit loué, il reste des exceptions) et les seuls qui parviennent à être correctement informés sont les insiders qui ont les moyens de s'abonner à des lettres d'information hors de prix. Et on s'étonne après qu'il soit difficile de gagner un référendum sur l'Europe.
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Sous-rohmerde
J'ai beau chercher, j'ai bien du mal à voir ce que la majorité de la critique trouve à Un baiser s'il vous plaît.
L'idée de départ n'est pas déplaisante mais la suite devient rapidement médiocre, la faute à des dialogues maladroits à souhait, à un couple Virginie Ledoyen / Emmanuel Mouret qui n'est pas une seule seconde crédible et à un scénario qui se permet des facilités consternantes (on est prié de croire que, privée de son téléphone portable, l'ex d'Emmanuel Mouret doive attendre 3 jours pour trouver le moyen de lui communiquer une nouvelle urgente). Certaines scènes sont si distinctement mauvaises qu'elles font regretter l'absence, en français, d'un équivalent exact à l'adjectif anglais cringeworthy.
Cela dit, Julie Gayet est sublime, en particulier dans cette magnifique dernière scène. C'est à la fois peu et tout à la fois.
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La France qui tombe
C'est bien beau de se moquer de l'incurie économique de Nicolas Baverez - et encore, Emmeline est gentille de ne pas ressortir cette chronique de novembre dernier où "Donald" écrivait, entre deux poncifs mercantilistes, que la City représente "plus de 33%" du PIB britannnique (authentique).
Mais quand même : quand on se rappelle que la droite des 30 Glorieuses avait Raymond Aron, et que l'on constate que la droite de l'après-35 heures a Nicolas Baverez, la thèse du déclin de la France devient tout de suite vachement plus convaincante, non?
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Principalité
La statistique effarante du jour, via un -légèrement imprécis- commentateur du Monde.fr : la ville de Metz n'a connu que deux maires depuis 1947. Et il semble bien que l'actuel veuille imiter son prédécesseur et mourir en fonction.
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Servitude volontaire
Abaissement du Parlement, épisode DCCCXVII :
Le président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer affirme, dans un entretien publié lundi dans "La Croix", que le constat qu'il tire et "qui n'a fait que se confirmer au cours de ses six premiers mois de la législature, c'est que le Parlement n'est pas assez respecté".Le constat est aussi juste (je renvoie aux analyses d'Authueil sur ce point) qu'exaspérant venant de la part du président de l'Assemblée nationale. Parce que les députés ont déjà les moyens de se faire respecter par le gouvernement. La discussion d'un projet de loi hâtif et mal ficelé peut ainsi utilement être renvoyée à plus tard par le vote d'une question préalable (article 91.4 du règlement de l'Assemblée), à charge au gouvernement de revoir sa copie. La solution est radicale, mais pas davantage que la banalisation de la procédure d'urgence par le gouvernement. Les députés qui renâclent à utiliser les armes juridiques en leur possession peuvent difficilement se plaindre ensuite de l'état abaissement dans lequel les tient l'exécutif.(publicité)
"Ce n'est pas spécifique à cette législature, mais cela s'aggrave", souligne-t-il. "Les procédures, notamment la déclaration d'urgence qui est devenue la pratique usuelle, ne permettent pas aux parlementaires de bénéficier des délais et des conditions d'examen satisfaisants".
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Et ta soeur?
Ce titre, pour un article de PCINpact repris sur Yahoo! Actualités :
Le Wibro permet aux journalistes de travailler plus vite
Mis en ligne par Emmanuel à 01:20 | Lien permanent |