12 novembre 2004

Rechute 

La première estimation du PIB français pour le 3e trimestre est tombée ce matin, et le chiffre est très décevant :
PARIS (Reuters) - Le produit intérieur brut (PIB) français n'a progressé que de 0,1% au troisième trimestre de 2004, après avoir augmenté de 0,7% au premier et de 0,6% au deuxième (données révisées), selon l'estimation précoce publiée vendredi par l'Insee.

Les économistes interrogés par Reuters tablaient sur une croissance de 0,4% au troisième trimestre.

L'acquis de croissance pour 2004 est de +2% à la fin du troisième trimestre.
(je rappelle que j'avais tenté d'expliquer au béotien le principe de l'acquis de croissance et autres joyeusetés de la comptabilité nationale ici et ici).

Comment interpréter ce chiffre? D'abord en soulignant que l'on a à faire à une première estimation ("estimation précoce", dans le jargon de l'INSEE) et il qu'il faudra attendre les "premiers résultats" du 19 novembre pour avoir une meilleure idée de la situation. Il est possible, par exemple, que les mauvais chiffres de la production industrielle au mois d'août (-2,1%) pèsent sur le chiffre du PIB, et que le rebond de septembre (+3,2%) ne soit encore qu'imparfaitement pris en compte (ce que semble confirmer le communiqué de l'INSEE).

[Ma dernière hypothèse ne tient apparemment pas la route : voir les explications de Michel Devilliers sur ce point. On peut par contre penser qu'une partie de la production "perdue" en août se retrouve au 4e trimestre.]

Mais cela ne change pas fondamentalement le diagnostic : l'économie française a rechuté au 3e trimestre, à cause d'un fort ralentissement de la consommation et d'une dégradation de la balance commerciale [Non plus, comme le remarque justement SM en commentaires. J'avais l'impression que les exportations françaises avait baissé au cours du 3e trimestre, mais ce n'est pas le cas. Il sera intéressant de voir comment s'est comporté l'investissement.] Après 4 trimestres de croissance tout à fait honorable (voir graphique), cette forte baisse est inquiétante. D'autant que l'Allemagne, qui reste (et de loin) notre premier partenaire commercial, ne se porte pas bien du tout non plus, avec un même chiffre de +0,1% de croissance au 3e trimestre.


Source : INSEE, Informations rapides, 12 novembre 2004 (pdf)

Il faut rester prudent, évidemment. Le chiffre n'est pas définitif et un trimestre de faible croissance ne veut pas forcément dire que la France se dirige tout droit vers une récession. On peut être néanmoins sûr d'une chose : Raffarin n'avait pas ce chiffre au moment de son interview sur France 2 mercredi soir. Sinon, son discours sur l'économie aurait été beaucoup plus nuancé.